
Vidéo de la Maison des Lanceurs d'Alerte publiée à l'occasion de la Journée Internationale des Lanceurs d'Alerte, le 23 juin 2025
Je suis Judith*, lanceuse d’alerte.
Je mène un combat pour la justice, à armes très inégales,
avec des moyens bien trop faibles,
face à un adversaire puissant et influent.
Parce que j'ai fait mon devoir.
Alors aujourd'hui, j'ai besoin de vous.
J’ai porté plainte pour une affaire de probité impliquant directement un ex-Premier ministre et futur présidentiable, Edouard Philippe.
Des dizaines de collègues, pairs, supérieurs hiérarchiques et autres décideurs et autorités ont eu connaissance des faits que j'ai dénoncés.
Je suis pourtant la seule à avoir levé la voix.
Aujourd'hui je suis certifiée lanceuse d'alerte par le Défenseur des Droits.
Cette haute autorité indépendante considère que j'ai agi de façon désintéressée et dans l'intérêt général.
Des avocats chevronnés m'accompganent, tel que Me Jerôme KARSENTI, pour entamer les prochaines étapes et pour tenir.
Mais pour cela, j'ai aussi besoin de vous.
Comment je suis devenue
lanceuse d'alerte
Ancienne élève de l'ENA, je suis agent public, mais non fonctionnaire.
Je travaille dans l'intérêt général depuis plus de 20 ans.
Le plus souvent sur des contrats précaires (CDD), comme c'est le cas actuellement.
Les agents publics, fonctionnaires ou pas, sont tenus de signaler tout crime ou délit dont ils ont connaissance dans l'exercice de leurs fonctions, conformément à l'article 40 alinéa 2 du code de procédure pénale.
J'ai eu connaissance, dans l'exercice de mes fonctions à la Communauté urbaine du Havre, de probables faits délictuels.Mes alertes internes ont été ignorées.
Pire, j'ai fait l'objet de pressions violentes à mon égard ayant gravement atteint ma santé et ma carrière, jusqu'à affecter même ma famille.
J'ai saisi le Défenseur des Droits en mars 2023.
J'ai informé Edouard Philippe de cette saisine de la la Défenseur des Droits et ainsi du fait que j'avais transmis mes alertes à cette institution indépendante.
Dans le même temps je lui redemandais de m'accorder la protection fonctionnelle.
Il m'a répondu plusieurs semaines après, en me signifiant dans un même courrier son refus de m'accorder la protection fonctionnelle, et le non-renouvellement de mon contrat.
J'ai ainsi du me retrouver un nouvel emploi in extrémis, que j'ai commencé à l'été 2023.
En septembre 2023, sans nouvelles de la Défénseure des Drois, j'ai porté plainte auprès du Parquet national financier.
Le parcours judiciaire
En décembre 2023, suite à ma plainte, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminiare visant les délits suivants :
- Prise illégale d'intérêts
- Favoritisme
- Détournement de fonds publics
- Harcèlement moral.
Des perquisitions ont été menées en avril 2024 à la Communauté urbaine et à la Ville du Havre.
En juin 2024 j'ai du intervenir auprès du Préfet et du Tribunal administratif de Rouen pour faire retirer une délibération qu'Edouard Philippe avait fait voter par le Conseil communautaire Le Havre Seine Métropôle.
Objet de cette délibération : faire bénéficier à Edouard Philippe et son adjointe, également visée par ma plainte, la protection juridique (prise en charge de frais de justice).
Cette même protection qu'Edouard Philippe m'avait refusée à deux reprises.
En janvier 2025, après une instruction contradictoire de près de 2 ans, la Défenseur des Droits, autorité constitutionnelle indépendante, m'a reconnue Lanceuse d'Alerte.
Dans son avis, elle précise que "la condition de bonne foi implique ...que la démarche du lanceur d’alerte soit empreinte d’honnêteté et de loyauté, sans intention malveillante" et note que j'ai "lancé une alerte de bonne foi, auprès de l’autorité administrative puis auprès de l’autorité judiciaire, dans les conditions prévues par la loi".La Maison des Lanceurs d'Alerte, ONG étant déjà intervenue dans des affaires majeures de lanceurs d'alerte, devant des juridictions telle que la Cour Européennne des Droits de l'Homme et et le Conseil d'Etat, m'a également reconnue lanceuse d'alerte.
Dans une note d'analyse juridique qu'elle a produite en mon soutien, datant du 25 mars 2025, elle affirme :
"Votre courage professionnel et citoyen, dans un contexte de silence assourdissant face à des manoeuvres perpétrées en toute quiétude, vous inscrit incontestablement dans la démarche d’une
lanceuse d’alerte de bonne foi, animée par l’intérêt général".
En mars 2025 j'ai appris que la partie adverse a fait un recours auprès du tribunal administratif contre l'avis de la Défenseur des Droits me reconnaissant lanceuse d'alerte.
Ce recours pourrait être qualifié comme procédure abusive et donc délictuelle.
Il pose surtout une question grave pour l'quilibre démocratique de notre pays :
S'attaquer à l’avis d’une autorité indépendante qui, de surcroît, a statué après une procédure contradictoire de près de deux ans, c’est remettre en cause le bien fondé du cadre de la loi.
Etant de plus en plus sous pression morale et économique des suites de mes alertes, malgré la certification de la Défenseur des Droits, et craignant également une possible léthargie des enquêteurs à l'approche des échéances électorales, j'ai deposé une nouvelle plainte le 19 juin 2025, avec constitution de partie civile.
Objectif : accélerer le processus et tenir, malgré les pressions.
En réaction à cette plainte, Edouard Philippe s'est prêté à de nouveaux dénigréments à mon encontre, y compris sur un plateau de télévision publique, à une heure de grande écoute.
Non seulement il a publiquement menti sur la chronologie de mes alertes, afin de les décrédibiliser, mais il s'est également dircetement prononcé sur mes qualités professionnelles et personnelles en les dénigrant.
Il portait ainsi atteinte à ma réputation professionnelle et à mon honneur.
Ces faits semblent constituer une violation manifeste de l’article 10-1, 11° de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016, modifiée par la loi Waserman.
C'est pourquoi j'ai de nouveau saisi la Défénseur des Droits, le 25 juin 2025, afin qu'elle intervienne pour faire cesser ces agissements.
Pourquoi c'est un lourd combat.
Et pourquoi j'ai besoin de vous.
La loi prévoit la protection et la prise en charge des frais de justice des lanceurs d’alerte, mais dans la réalité, cette protection ne fonctionne pas.
Comme tous les lanceurs d'alerte j'ai subi, et subis encore des pressions, destinées à me dénigrer, décourager, m'épuiser (moralement et financièrement) et à me faire taire.
Ainsi, l'association "Maison des Lanceurs d'alerte", dans sa note d'analyse jurdique en date du 25 mars 2025, écrit :
"...Des mesures discriminantes, d’ostracisation, et de pressions, .... se poursuivant au-delà de votre départ de la collectivité par une atteinte à votre réputation".
La procédure judiciaire, que je mène seule, est longue et coûteuse.
Comme c'est le cas pour quasiment tous les autres lanceurs d'alerte en France, les conséquences financières et pour ma santé sont terribles.
Toute ma famille subit ces conséquences, aussi bien morales que matérielles.
Nous avons la chance de vivre dans un pays où lancer l'alerte, même contre les plus puissants, n'est pas synonyme de danger de mort.
Mais cela reste un acte de résistance qui a des consequences lourdes dans tous les domaines de la vie.
La tentative de la partie adverse de faire annuler ma certification de lanceuse d'alerte en est une illustration, parmi d'autres.
Depuis le début de mes alertes, on tente de me faire taire, de me dénigrer et surtout de m’épuiser moralement et financièrement.
Ce combat est long, épuisant et couteux.
Pourtant, ce combat n'est pas juste le mien.
C'est aussi le votre.
C'est le combat pour l'état de droit et l'intérêt général, contre l'impunité, les abus et les dysfonctionnements du système. .
Pour continuer, et pour tenir, j'ai besoin de vous et de votre soutien.
Je ne veux et je ne peux pas rester seule.
Tous les soutiens sont les bienvenus : financiers, moraux, symboliques.
Merci de vous associer à cette lutte.
*Pourquoi un pseudonyme ?
Judith, c’est le pseudonyme que la presse m’a donné.
Si j’avais été un homme, on aurait pu me surnommer David.
David contre Goliath.
Ma vraie identité est facilement retraçable.
Et c'est ok.
Je n'ai pas honte, ni peur de porter ce combat, bien au contraire.
Mais : la protection de l'anonymat est l'un des principaux éléments de protection que la loi prévoit à l'égard des lanceurs d'alerte.
Et pour cause.
Comme tous les lanceurs d'alerte, j'ai déjà subi des conséquences très lourdes pour mon parcours, ma famille et moi.
Voir ma vraie identité reprise dans tous les médias, et donc dans tous les moteurs de recherche, aggraverait ma situation et celle de mes proches.
Préserver mon anonymat dans les médias, c'est avant tout préserver ma famille et mes proches.
Comment soutenir et s'associer à ce combat
Encourager
Quand on est lanceur d'alerte, on passe par des moments de grande solitude, de grande insécruité matérielle et psychique et même de détresse.
Votre soutien moral / immatériel, quelqu'en soit la forme, sera imménsément précieux..
Un message de soutien, une marque d'encouragement, tout cela me donne la force de continuer.
Faire un don
Comme dans tous les combats, l'argent est le nerf de la guerre.
Et en la matière c'est une guerre très inégale.
Les personne visées par mes alertes ont des moyens colossaux et des soutiens puissants.
Leur immense pouvoir d'influence ne fait aucun doute.
Face à leurs moyens, mes armes sont ridicules.
J'ai déjà dû payer des dizaines de milliers d'Euros pour financer la procédure judiciaire et j'ai subi des pertes de revenus très importantes.
C'est pourquoi j'ai aussi besoin d'appuis financiers pour continuer.
Aider à payer les frais d'avocats et autres frais de justice, c'est indispensable pour que le combat puisse continuer.
Partager et amplifier
Comme tous les lanceurs d'alerte je fais face à des agissements de dénigrement et d'isolement.
On voudrait aussi que je me taise.
Donner de la voix à ce combat, c'est aussi soutenir et encourager d'autres lanceurs d'alerte et adresser un signal fort aux décideurs du pays :
les abus et l'impunité, ça suffit !
Désormais on veille et on parle haut et fort.
Signer la pétition appelant à une vraie protection des lanceurs d'alerte
En 2025, la France est classée parmi les pays menacés par la corruption.
Les lanceurs d’alerte révèlent des scandales majeurs et font économiser des milliards.
En contrepartie de leur courage ils subissent licenciements, harcèlement et menaces.
La loi ne les protège pas assez.
Il devient urgent que les lanceurs d'alerte bénéfiient enfin d'une protection réelle, à savoir :
- Une vraie immunité professionnelle.
- Un statut reconnu rapidement.
- Un soutien psychologique, juridique et financier.
- Une justice plus réactive et dissuasive.
- Une reconnaissance publique de leur rôle.
Aux élus d’agir : pour la justice, la démocratie, l’avenir.